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Chroniques de Saint Ouen
5 mai 2012

A l'attention de Monsieur Vaillant Maire du 18 ème arrondissement de Paris

Commémoration des 150 ans des Misérables de Victor Hugo.

 En résidence actuellement à saint Ouen , il m’a été donné de voir à la porte de Montmartre ces derniers weekends un spectacle très singulier.     Sur les trottoirs  a lieu en marge du carré des biffins , un marché « des pauvres",  où se vendent des objets, récupérés le plus souvent dans les poubelles durant la semaine,  par des pauvres gens.
C’est dans ce contexte que vous avez, semble t’il, eu envie de participer à la commémoration des 150 ans des Misérables et d’une façon très originale,  puisque qu’ il s’est agi, comme dans le roman de Victor Hugo,  de disperser cette foule de miséreux à l’aide de gardes républicains à cheval. Quelle  bonne  idée, quel spectacle!    Ce matin l’intervention de la maréchaussée a consisté,  sur un trottoir bondé, rendu étroit en raison des travaux, à faire marcher de front deux gendarmes perchés sur des chevaux de selle français (race de chevaux parmi les plus hauts) afin de disperser les gueux qui,  sur des bouts de tissu,  proposaient leur marchandise de récupération. L'effet est immédiat puisque le risque de se faire saisir leur trésor engendre un mouvement de panique et de fuite que les touristes présents sur le trottoir saisissent mal,  ne maitrisant pas tout les aspects de notre folklore. Afin de faire un exemple,  et utilisant la technique de tous les prédateurs, consistant à isoler les plus faibles, nos gendarmes cernent un vieux monsieur avec un enfant (moins de 10 ans) et le bloquent contre la barrière.  Ils lui intiment alors  l'ordre de remonter tout le trottoir pour rejoindre une benne où déverser son sac plein de brimborions. Le dangereux malfaiteur et surtout la graine de voleur ne devant pas fuir, les 2 cavaliers les bloquent contre les barrières et ce pendant une trentaine de mètres. L’ enfant est paniqué et pleure, impressionné par des chevaux faisant 1m80 au garrot et au moins pour l’un d’eux un peu instable (je suis cavalier moi-même).
 Ces scènes monsieur le maire ont lieu toutes les semaines,  en plus d’être parfaitement inefficaces ces méthodes sont indignes et dangereuses sur des trottoirs étroits et noirs de monde. Inutiles car 10 minutes plus tard les trottoirs étaient de nouveaux réinvestis par ces vendeurs à la sauvette, dangereuses car j ai été témoin d un refus d’un des chevaux qui a brutalement reculé et engendré un mouvement de foule,  effrayant son propre cavalier. Faudra t il un accident pour que soit réévalué l’intérêt de cette pratique douteuse et symboliquement désastreuse ? Je vous rappelle que, pour la majorité d'entre elles, les deux mille chambres des  hôtels à proximité sont occupées par des touristes !!!!
Remarques : je connais l’argument qui consiste à dire que cette répression vise à protéger le carré des biffins: c’est très mal connaitre le problème. En fait les biffins achètent sur ce marché de miséreux  et revendent au carré.  Il leur sert en quelque sorte de fournisseur et les puciers, eux,  viennent acheter aux biffins les objets  plus nobles. C’est en somme un éco système.
Je ne disconviens pas que cela engendre des gênes pour les riverains mais cela ne justifie pas d’utiliser de telles méthodes.
Veuillez agréer monsieur le maire l’expression de ma profonde considération.

P.s : je vous invite à venir vous rendre compte par vous même incognito et si vous ne ressentez pas un sentiment de honte alors veuillez remplacer dans ma formule « ma profonde considération » par « mon profond mépris ».un citoyen socialiste qui refuse d’être désabusé!

P.s 2: je voulais donner une dimension humoristique à cette lettre pour exorciser mon sentiment de honte mais je n’ai pas pu.

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